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Trouver sa famille en France

Athena Trentin, ancienne participante au Youth Exchange, conseille les jeunes voyageurs

Texte :

Athena Trentin a eu une enfance ordinaire — du moins, selon elle. Elle a grandi à Escanaba (États-Unis), une ville portuaire de la péninsule supérieure qui comptait 14 000 habitants à l'époque. « La plupart des gens étaient censés obtenir leur bac et travailler dans une usine de papier ou exercer un métier spécialisé, explique-t-elle. Mes parents ne m'ont jamais vraiment donné d'autre choix que celui d'aller à l'université, de découvrir le monde et de devenir ce que je veux être ».

Lorsqu’Athena était au collège, sa mère s'est employée à retrouver l’origine autochtone de sa famille et a contribué à la création d'un centre communautaire pour les Amérindiens vivant à Escanaba, qui se trouvait à 30 km de la réserve la plus proche. Mais les membres du conseil municipal se sont montrés réticents et elle dit avoir subi des représailles à l'école. Cette première confrontation au racisme a déclenché chez elle une prise de conscience. « Il y avait un monde au-delà de ma ville et je voulais le découvrir, dit-elle. Je voulais rencontrer des gens de tous les horizons ».

L'expérience d'Athena Trentin en tant que jeune participante au Youth Exchange du Rotary lui a montré « ce que la vie pouvait être ». « Ce fut l'année la plus extraordinaire de ma vie », déclare-t-elle.

Photo : Paul Go  

Elle a découvert le Youth Exchange du Rotary et a voulu y participer mais n'avait pas l'âge requis. Athena s'est sentie bloquée et ce sentiment s'est accentué l'année suivante lorsque sa famille n'a pas eu les moyens de payer le voyage à la suite du divorce de ses parents. Le représentant The Rotary Youth Exchange Youth Exchange du Rotary de sa ville les a ensuite recontactée pour leur dire : « C'est la personne que nous voulons envoyer ». Athena n'a pas laissé passer l'occasion.

Elle a trouvé un emploi dans un fast food pour aider à payer les frais de voyage qui n'étaient pas couverts par le programme et a reçu une subvention d’United Way pour organiser son propre sommet international. Elle a ainsi invité à Escanaba des jeunes en échange de diverses associations de la région pour discuter de leur perception des États-Unis et de leur vision du monde. 

Elle se souvient avoir pensé : « Si nous pouvons échanger ces informations, imaginez ce que nous pourrions faire pour changer le monde ». United Way l'a envoyée à une conférence nationale sur le leadership à l'université de l'Indiana. « C'est probablement la première fois que je sortais du Wisconsin et du Michigan, la première fois que je rencontrais des personnes de couleur autres que des Amérindiens. Elle avait besoin d'autres expériences comme celle-là. L'été suivant, elle partait en échange en France.

 

Athena Trentin

  • Échange de jeunes du Rotary 1990/1991
  • Master en enseignement de l'anglais à des étrangers, université de l’État du Michigan, 1997-2000 
  • Doctorat en éducation, université de Californie du Sud, 2003-2008 
  • Directrice exécutive de la National Alliance on Mental Illness North Texas, 2019/2024

« Je ne pense pas avoir réalisé que je partais pour un an. Enfant, mes parents devaient venir me chercher avant la fin des camps parce que ma maison me manquait », raconte-t-elle. Elle était à la fois enthousiaste et nerveuse à l'idée de découvrir des plats inconnus et une nouvelle langue, et de savoir si sa famille hôte allait être accueillante. « Que faire alors ? Comment vais-je tenir un an ? Et si je n'aime pas ça ? Et si je veux rentrer chez moi ? », se disait-elle. 

Lorsque son avion a atterri, le père de sa famille hôte l'a accueillie à la porte d'embarquement. À l'extérieur, un groupe de personnes l'attendait pour l'accueillir. « Voici ta famille », lui a-t-il dit. Athena s'est sentie seule en grandissant, comme si elle n'était pas à sa place. « C'est ma famille », s’est-elle dit lorsque sa famille hôte est venue la prendre dans ses bras. 

La première famille hôte d'Athena vivait à la frontière franco-suisse, près de Genève, dans une belle maison à la campagne. La vie était bien différente de celle de son pays d'origine. « Mon père était mécanicien et il était souvent sans emploi. Nous n'avions pas beaucoup d'argent. Nous n'avions pas de stabilité économique, explique-t-elle. J'en ai fait l'expérience pour la première fois. Et cette stabilité a fait toute la différence pour moi. Elle m'a montré ce que la vie pouvait être ». Elle chérit toujours les dîners et les fêtes partagés en famille. 

L'école a été une autre expérience révélatrice, en particulier l'apprentissage de l'histoire mondiale d'un point de vue européen. Elle a commencé à comprendre que l'éducation américaine privilégiait un aspect de l'histoire, qui négligeait souvent ses racines autochtones.

Athena Trentin parle de bien-être mental avec l'association indienne du nord du Texas.

Avec l’aimable autorisation d’Athena Trentin

Athena a également appris une leçon importante sur les voyages, qu'elle garde avec elle aujourd'hui. Lorsque sa troisième famille hôte l'a emmenée dans la Ville Lumière, elle était impatiente de voir enfin la tour Eiffel, le Louvre et d'autres attractions dont elle avait tant entendu parler dans ses cours de français aux États-Unis. 

À son retour aux États-Unis, elle s'est fixée pour objectif de se rendre dans un nouveau pays tous les deux ans, avec deux conditions : voyager à peu de frais et s'immerger culturellement. « Vous n'apprendrez rien en montant simplement l'ascenseur de la Tour Eiffel », affirme-t-elle.

Pendant de nombreuses années, Athena a travaillé dans le domaine des affaires étudiantes internationales dans diverses universités américaines. Voici ses conseils aux participants au Youth Exchange du Rotary : laissez les voyages vous faire évoluer pour le meilleur. « Cette expérience changera votre vision du monde. Vous évoluerez d'une manière que vous n'auriez jamais imaginée », déclare-t-elle. Elle conseille vivement aux jeunes voyageurs de suivre la « règle de platine » : faire aux autres ce qu'ils voudraient qu'on leur fasse. En d'autres termes, il faut respecter les autres cultures et apprendre leurs coutumes. 

« Posez-vous la question suivante : "Que suis-je prêt à négocier pour m'intégrer dans cette nouvelle culture ?" Il peut s'agir de quelque chose d'aussi simple que de goûter de nouveaux aliments. Cela peut être aussi complexe que l'une de ces valeurs fondamentales que vous pensiez ne jamais compromettre ». Cette ouverture d'esprit a permis à Athena d'acquérir une nouvelle confiance en elle lorsqu'elle est rentrée.

Athena lors de son échange en France en 1990/1991.

Avec l’aimable autorisation d’Athena Trentin

Avant son voyage, Athena était réservée. Mais à son retour, elle a décidé de baisser sa garde. « C'est quelque chose que le Rotary m'a donné : la confiance d'être moi-même, dit-elle. Depuis, je me sens plus à l'aise et je suis plus attentive lorsque je suis la minorité dans la salle. Je peux apprendre de tout le monde et cela m'a aidé dans ma carrière. 

Athena est également rentrée aux États-Unis avec une famille agrandie. « La première famille hôte qui m’a accueillie est restée ma famille. Elle l’est toujours, dit-elle. Je dis ‘’ma famille française’’ et les gens me disent : ‘’Quoi ? Tu es française ?’’ ». La plupart des anciens participants aux échange qu'Athena connaît sont d’ailleurs toujours très proches de leur famille hôte. 

« Ce fut l'année la plus extraordinaire de ma vie », conclut-elle. À l'époque, Athena cherchait des billets d'avion pour l'île Maurice, une île africaine de l'océan Indien où son frère hôte, Raphaël, venait de s'installer. 

Cet article est tiré du numéro de décembre 2024 du magazine Rotary.

 

 

Les échanges de jeunes de 15 à 19 ans sont parrainés par des Rotary clubs dans plus de 100 pays.