Tout a commencé par une bourse du Rotary
Eve Conway-Ghazi est arrivée à Evanston (États-Unis) en 1980 pour étudier à l'école de journalisme Medill de l'université Northwestern. Diplômée en anglais de l'université Queen Mary, elle était depuis peu reporter pour un journal de l'est de Londres. C'est là que son rédacteur en chef, un Rotarien, lui parle du programme de bourses d’études du Rotary. Après en avoir obtenu une, elle s’est donc retrouvée dans un nouveau pays et une nouvelle ville. Elle était loin de se douter des changements qui l'attendaient et de la raison pour laquelle elle reviendrait dans cette ville des années plus tard.
« Cette bourse a été mon premier cadeau du Rotary », explique celle qui occupe aujourd'hui le poste d'administratrice du Rotary International, l'un des nombreux rôles de leadership qu'elle a assumés au sein de l'organisation. « Cela a transformé ma vie et m'a donné envie de transformer celle d'autres personnes dans le monde. »
Le changement est arrivé vite. Alors qu'elle était à Northwestern et qu'elle préparait une maîtrise en journalisme audiovisuel, Mme Conway-Ghazi a été nommée correspondante à Washington pour KOTV, une chaîne de télévision affiliée à CBS à Tulsa, dans l'Oklahoma. Le directeur de l'information a peut-être admiré la journaliste débutante pour des raisons inattendues — « Tout ce que vous dites semble si intelligent avec votre accent britannique » —, mais les compétences acquises par Mme Conway-Ghazi à KOTV et à Northwestern lui ont permis de passer de la presse écrite à la radio et à la télévision lorsqu'elle est rentrée en Angleterre. Après avoir travaillé pour plusieurs chaînes, elle a passé 20 ans à BBC News en tant que reporter et productrice.
Pendant ce temps, elle retrouve peu à peu le chemin du Rotary. Ou peut-être est-il plus juste de dire que le Rotary — qui n'admet les femmes comme membres que depuis la fin des années 80 — a retrouvé son chemin. Grippée, elle consulte un médecin qui, comme son premier rédacteur en chef, est Rotarien. Il l'invite à parler à son club et, après être intervenue dans plusieurs autres Rotary clubs, Mme Conway-Ghazi rejoint celui de Redbridge, basé dans le Grand Londres, en 2000 (ce club a récemment fusionné avec un autre pour devenir le Rotary club de Barkingside et Redbridge, et elle en est toujours membre).
Mme Conway-Ghazi a rapidement gravi les échelons du Rotary, occupant les postes de présidente de club et devenant en 2012/2013 la première femme gouverneure de district pour le Rotary à Londres. En 2016/2017, elle occupe ensuite le poste de présidente du Rotary International en Grande-Bretagne et en Irlande.
Eve Conway-Ghazi
- Boursière 1980/1981 de la Fondation
- Présidente 2016/2017 du Rotary International en Grande-Bretagne et en Irlande
- Administratrice du Rotary International depuis 2023
À cette époque, Mme Conway-Ghazi est mariée depuis une dizaine d'années. Le fait qu'elle et son mari, Robert Hossein Ghazi, se soient rencontrés a été, d'une certaine manière, un autre cadeau du Rotary. Ils se sont vus pour la première fois en avril 2003 alors qu'ils se rendaient à une assemblée de district du Rotary à Covent Garden à Londres. M. Ghazi lui a donné sa carte de visite et l'a invitée à se joindre à lui pour une promenade en bateau. Or, elle était sur le point de partir aux États-Unis pour un mois et a dû décliner l’invitation. Dans les mois qui ont suivi, M. Ghazi l’a invité à d’autres reprises, mais elle a continué à décliner. « Il était très persistant, se souviendra-t-elle plus tard, et j'étais très occupée ».
Ce n’est qu’au bout d'un an qu’ils se sont finalement retrouvés pour un dîner à Londres. Le couple s'est marié en avril 2006, trois ans après que le Rotary les ait réunis et trois jours après que Mme Conway-Ghazi soit revenue du tournage d'un documentaire de la BBC sur les femmes luttant contre le cancer du sein au Pakistan avec Cherie Blair, l'épouse du Premier ministre Tony Blair. C'est une autre raison pour laquelle, selon elle : « rejoindre le Rotary a été la meilleure décision de ma vie ».
À chaque étape de son parcours rotarien, Mme Conway-Ghazi a poursuivi son désir de transformer la vie des autres. En 2007, désireuse de promouvoir des histoires inspirantes sur les jeunes, elle fonde les Prix du Rotary pour les jeunes citoyens en association avec BBC News. Cinq ans plus tard, en collaboration avec des Rotariens de Londres et de Mumbai, elle monte une équipe de formation professionnelle composée de professionnels de la santé londoniens qui se rendent en Inde pour former des médecins, des infirmières et des agents de santé dans la région rurale de Jawhar — une action qui a permis d'améliorer les accouchements dans cette région.
Eve Conway-Ghazi a participé à une Journée nationale de vaccination en Inde en 2017, et a réalisé une interview cette même année pour la campagne marketing et Effectif du RIBI. Avec l’aimable autorisation d’Eve Conway-Ghazi
L'une des grandes passions de Mme Conway-Ghazi est la lutte contre la polio et elle a lancé en 2016 la campagne Purple4Polio en Grande-Bretagne et en Irlande. Cette passion trouve son origine dans ce qu’elle décrit comme son instant Rotary. Lors de sa première journée nationale de vaccination en Inde, elle a administré deux gouttes de vaccin à un enfant sous le regard de sa mère. « Elle ne parlait pas anglais, mais je pouvais le lire dans ses yeux, se souvient-elle. Son enfant avait été vacciné contre la polio, et cela avait été une transformation pour eux. Cela m'a beaucoup émue ».
L'investissement du Rotary dans cette jeune journaliste a porté ses fruits à d'autres égards. Grâce aux compétences qu'elle a acquises au cours de sa carrière, Mme Conway-Ghazi a réalisé des interviews vidéo pour la campagne marketing et Effectif du Rotary en Grande-Bretagne et en Irlande (RIBI). « Nous devons faire comprendre que le Rotary, ce sont des actions qui ont un impact et qui sauvent des vies », affirme-t-elle.
Malheureusement, Robert Ghazi est décédé en décembre dernier. « La famille rotarienne m'aide à surmonter cette épreuve, explique Mme Conway-Ghazi, de retour à Evanston pour une réunion du conseil d'administration. Et je continue à être très occupée en tant qu'administratrice du Rotary, ce qui est une vraie chance ».
« Le Rotary a transformé ma vie », poursuit-elle en se répétant, mais cette fois-ci en parlant de bien plus que de sa bourse d'études. « De manière remarquable, grâce à un réseau de personnes, il a permis à une seule personne de changer le monde. Aider à éradiquer la polio et entrer dans l'histoire ; je n'aurais jamais pu faire tout cela sans le Rotary. Et le Rotary continue de m'offrir de nombreuses et merveilleuses opportunités d'aider les autres ». La personne transformée est devenue celle qui transforme.
Article tiré du numéro d’octobre 2024 du magazine Rotary.