Des communautés au courant
Afin de favoriser le développement, des Rotary clubs entreprennent des actions pour apporter l’électricité dans des localités qui en sont dépourvues. Qu’il s’agisse de fournir du courant à une communauté tout entière où à des bâtiments ciblés, les Rotariens étudient les besoins des populations dans le but de rendre pérenne l’action entreprise.
Depuis deux ans, le Rotary club Caen travaille afin d’apporter l’électricité à 400 habitations d’un village de Madagascar. Ce pays est l’un des moins équipés au monde dans la mesure où seuls 17% de la population reçoivent l’électricité. Cette situation reste l’une des barrières les plus importantes à son développement. Le Rotary club Caen s’est engagé à apporter l’énergie à la communauté rurale d’Antsiranana, située dans la province de Diego Suarez. « La réalité est qu’après la tombée de la nuit, les enfants font leurs devoirs à la lumière d’une bougie ou d’une lampe à pétrole, que les mères cuisinent avec le même éclairage. De même, dans les centres de santé, les soins, y compris accouchements et césariennes, sont éclairés de la même façon » explique un Rotarien normand.
Comme ces régions rurales ne pourront pas être desservies avant des années par un réseau digne de ce nom, une solution consiste à mettre en place une électrification décentralisée ; cela signifie que quatre ou cinq habitations seront reliées à un panneau solaire et à une batterie.
Un projet aussi ambitieux et exigeant une maîtrise technique nécessite le recours à des spécialistes. Pour cette raison, le Rotary club Caen s’est rapproché de l’association Nanoé créée par deux ingénieurs de l’École supérieure d’électricité, laquelle a une forte expérience dans l’installation de nanoréseaux dans différentes régions malgaches.
Le projet rotarien consiste à fournir les composants électroniques que Nanoé achemine à Madagascar pour les assembler. Aujourd’hui, les 1800 habitants d’Antsiranana disposent tous de l’électricité à domicile ; les conséquences bénéfiques sont multiples : la sécurité du village est renforcée par l’éclairage, des petits commerces peuvent prospérer grâce à la réfrigération à présent possible et à l’ouverture tardive permise. Écologique car utilisant de l’énergie solaire, cette action est également pérenne dans la mesure où l’entretien des panneaux solaires est assuré par des entrepreneurs locaux qui surveillent, dépannent et gèrent les réseaux.
Le coût de l’opération a été couvert par l’organisation d’un concert qui a réuni à Ouistreham 120 chanteurs des chorales À Cœur Joie de Normandie ainsi que 60 musiciens de l’orchestre symphonique de la Pointe de Caux. La générosité de plus de 400 spectateurs, et le soutien apporté par le district 1640 ont favorisé la réalisation de ce projet dans la Grande île.
Si des communautés entières bénéficient de programmes d’électrification, certaines actions doivent se limiter à l’équipement de bâtiments ciblés.
L’enseignement souvent privilégié
Au Rwanda, consterné par les images d'écoliers faisant leurs devoirs le long de routes dangereuses pour profiter de l'éclairage public, le Rotaract club Kigali équipe 15 foyers de systèmes solaires. L'action Murikira Umwana (Lumière pour les enfants) permet d’alimenter jusqu'à trois lumières dans chaque maison et de charger des téléphones portables ainsi que des radios. Les Rotaractiens ont fait appel à la Banque de développement du Rwanda comme partenaire et vendu des t-shirts pour concrétiser ce projet.
À Gressier, à Haïti, le réseau électrique auquel était raccordée l'école Respire était hors d’usage, de sorte que cet établissement accueillant des orphelins et des élèves défavorisés devait utiliser un vieux générateur diesel. Afin de remplacer ce système obsolète, les Rotary clubs Léogâne (Haïti) et Parker (Colorado) ont fait installer un système hybride solaire-diesel. L'école économise à présent 4 000 dollars par an en frais de carburant, ce qui est une forte somme dans ce pays. Ce système hybride réduit la pollution atmosphérique et sonore ; il alimente la pompe à eau, l'éclairage, les indispensables ventilateurs, et le matériel informatique.
Lorsque les budgets sont moindres, des initiatives plus modestes peuvent produire des effets notoires. Au Bénin, les élèves de CM2 de l’école de Todowa peuvent depuis peu faire leurs devoirs le soir ; le Rotary club Ussel, en partenariat avec le Rotary club Cotonou Phare, vient de leur offrir 80 lampes solaires. Les enfants rentrent chez eux avec leur lampe, rechargée le lendemain à l’école par le soleil. Ces éclairages portatifs ont été achetés à une entreprise française qui développe en Afrique des ateliers d’assemblage de lampes solaires, en fournissant matériel, ateliers et formation des techniciens sur place. Le financement de l’opération provient des recettes récoltées à l’occasion d’une course de canards de bain organisée par le Rotary club Ussel, et du soutien du district 1740. Cette action favorise l’éducation pour tous, dans une optique environnementale.
Des apports qui limitent la déforestation
Djibouti est un pays qui souffre beaucoup des effets de la déforestation. Pendant de nombreuses années, le bois a servi de source d’énergie à profusion, d’où les actions entreprises par des Rotariens en faveur de l’installation d’électricité. Les habitants du village de Dorra mangent à présent le pain sorti du four solaire offert par le Rotary club Djibouti. Cette action réalisée grâce à la participation de plusieurs partenaires bénéficie d’une subvention du district 9200. Dorra est un village de 180 familles situé au nord du pays, à 250 km de la capitale. L’utilisation d’un four solaire évite de brûler du bois, ce qui est bénéfique à l’écosystème, mais aussi à des femmes et des enfants qui n’ont plus besoin d’aller chercher du bois à plusieurs kilomètres.
L’ensemble des actions réalisées en faveur de l’électrification contribuent au développement économique local, au puisement d’eau potable profonde, à une meilleure santé, à l’éducation, à la protection de l’environnement. L’ensemble des sept axes majeurs d’action du Rotary se trouve ainsi favorisé par ce progrès dont beaucoup de communautés espèrent avoir bientôt accès.
Article tiré du numéro d’avril de Rotary Mag