Principes d'engagement

6 conseils pour cultiver l'objectif et la passion qui forgent le Rotary 

Par Paul Engleman

Dans un discours prononcé en janvier devant les gouverneurs élus à l'Assemblée internationale, Jennifer Jones, alors présidente élue du Rotary International, a raconté l'histoire d'un membre, Rotarien depuis 30 ans, qui n’a réalisé ce qu'était vraiment le Rotary qu'après avoir participé à une action de distribution de manteaux à des enfants de sa ville. « Imaginez, déclarait Mme Jones, plus de 1 500 réunions de club avant qu'il ne comprenne enfin le Rotary. »

La faute, a-t-elle estimé, n'en revient pas seulement au Rotary. « Nous devons impliquer nos membres, a-t-elle insisté. Demandez-leur ce qu'ils attendent de leur expérience et donnez-leur des missions significatives. C'est notre offre d’actions concrètes, de croissance personnelle, de développement du leadership et d'amitiés qui crée un but et une passion. Ce sont nos responsabilités. Si nous ne servons pas nos membres, nous ne servons pas nos communautés. Si nous ne leur apportons pas de la compréhension et une écoute, ils ne comprendront peut-être jamais vraiment le pouvoir du Rotary. »

En se basant sur les remarques de Mme Jones, nous avons sondé trois clubs pour connaître les secrets de leur réussite. Et il s'avère qu’ils sont exactement ce qu'elle a préconisé :

1. Répondre aux attentes des membres  

   Nancy Prochaska est la présidente du Rotary club de North Cobb County (États-Unis) qui est passé en six ans de 33 à plus de 70 membres. Elle attribue une grande partie de ce succès à sa procédure structurée d'intégration des nouveaux membres. Le club rencontre les membres potentiels, détermine les actions et les causes qui les passionnent et leur assigne des rôles qui y correspondent.

   Victoria Ewert n'avait pas établi de contacts avec les Rotary clubs de sa région, au Canada. Personne ne lui avait demandé quels étaient ses centres d'intérêt ou ne l’avait contactée pour savoir si elle avait des questions. Alors, sur les conseils d'un ami, elle a participé à la création du Rotary club d'Edmonton Sud-Est. Quatorze ans plus tard, elle a peaufiné son discours de recrutement. « Les gens veulent quelque chose qui vient du cœur, déclare-t-elle. Je m’intéresse à leur vie et à leur famille, et au type d'action qui les intéresse. » Sur la base de leurs réponses, le club s'assure que les actions locales les intéressent.

   Sarah Lynn Groves, responsable Effectif du Rotary club de Colville (États-Unis), se souvient avoir été quelque peu intimidée par les procédures et le jargon rotarien lorsqu’elle a rejoint le club il y a cinq ans. « Depuis, nous avons développé quelques programmes pour mieux impliquer et s’occuper de nos membres », explique-t-elle. Dans le cadre du programme Rotary Rookies, les nouveaux membres sont accompagnés par un mentor qui les guide tout au long de leur première année. En suivant une liste de contrôle, les nouveaux membres découvrent différents aspects du club et sont finalement orientés vers une commission ou un comité d'action qui pourrait les intéresser.

2. Être flexible

   Tirez parti de la flexibilité accordée au club en matière d'assiduité et de structure. Le club de Colville tient par exemple des réunions hebdomadaires à l'heure du déjeuner, mais il organise également des actions et des moments de convivialité mensuels, généralement le matin ou le soir. « Pour certains d'entre nous, en particulier les jeunes membres, la vie est trop remplie pour venir toutes les semaines, mais nous voulons malgré tout être utiles, explique Sarah. Je pense qu'une formule hybride est la meilleure solution. Cela permet d'inclure les jeunes. »

   Le club de North Cobb County note les personnes présentes à chaque réunion hebdomadaire du matin, dit Nancy. « Mais nous permettons également la participation à une action pour rattraper une absence à une réunion, » ce qui permet aux membres de rester impliqués. L'assiduité est un autre moyen de faire preuve de compréhension et d’écoute. « Si un membre est absent, nous pouvons nous assurer qu’il va bien », ajoute-t-elle.

3. Utiliser la technologie 

   Même si les réunions en personne ont repris lorsque les inquiétudes concernant le COVID-19 ont diminué, les clubs de Colville, d'Edmonton Southeast et de North Cobb County ont continué à proposer des options en ligne. « Nous avons des membres pour qui utiliser la technologie est plus compliqué, explique Nancy, mais d'autres peuvent les aider. » Victoria souligne que le format virtuel ouvre des opportunités pour une plus grande sélection d’intervenants. « Nous pouvons avoir des sujets de discussion plus importants, plus intéressants et plus cool », ajoute Sarah. Et les clubs utilisant la technologie sont plus susceptibles d'intéresser les jeunes membres potentiels. « Les jeunes s'attendent à ce que l'information leur parvienne de façon claire, rapide et ciblée, explique Nancy. Quand ce n'est pas le cas, ils sont moins motivés ».

   En plus d'avoir un site web de club agréable et régulièrement mis à jour, une présence active sur au moins un réseau social est également indispensable. De nombreux membres des clubs d'Edmonton Southeast et de North Cobb County sont ainsi sur WhatsApp, une plateforme qui permet de partager instantanément des messages avec un groupe. « Si j'ai besoin d'aide pour une action, ajoute-t-elle, je peux rapidement faire passer l'information et mobiliser des volontaires. »

4. Encourager la formation rotarienne 

   Durant son mandat de présidente élue de son club, Nancy a assisté à l'Institut sur le leadership du Rotary pour se familiariser avec la logistique et les procédures. « Les personnes qui participent à des séances de formation font des étincelles », a-t-elle constaté. C'est pourquoi elle a encouragé les organisateurs du séminaire à organiser des séances de formation pour tous les membres afin que davantage puissent y participer. Victoria ajoute : « Je dis toujours au district de s'assurer que les présidents et secrétaires de club entrants sont bien formés afin qu'ils puissent communiquer avec tous les membres de leur club. Cela renforce leur confiance en eux ».

   « Lorsque j'ai été nommée responsable Effectif, le président de notre club a soutenu ma participation à l'Institute de zone pour me former, raconte Sarah. Pour moi, cela a été une expérience rotarienne déterminante. C'était un investissement personnel pour que je puisse développer nos programmes. »

5. Améliorer l'image publique du club au travers d'actions locales

   Le club de North Cobb County maintient une forte visibilité publique en s'associant à des associations et en organisant fréquemment diverses actions, allant de la distribution de nourriture au soutien des professionnels de santé pendant la pandémie. Le club de Colville se fait connaître du public grâce à son programme annuel « Tree of Sharing ». En partenariat avec des associations locales, le club installe des arbres de Noël dans de nombreux magasins de la ville avec des étiquettes indiquant les cadeaux souhaités par des personnes dans le besoin. Le club d'Edmonton Southeast est particulièrement fier de son dîner d'Action de grâce, qui permet chaque année de distribuer des repas à près de 1 000 personnes dans le besoin. « Notre club est devenu célèbre pour cela, car je m'assure toujours de solliciter la presse, explique Victoria. Partout où je vais, les gens disent : ‘C'est la dame de l'Action de grâce !’ ».

6. N'oubliez pas l'amitié

   Sarah se souvient que lorsqu'elle a emménagé à Colville en 2015, elle voulait rencontrer des gens et mieux connaître la communauté. Rejoindre le Rotary lui a permis de le faire. « Je reste au Rotary pour ce que nous faisons, dit-elle, mais à la base, je l’ai rejoint pour l’amitié. »

   Nancy est du même avis. « Au cours de l'année écoulée, nous avons organisé 50 actions et 15 activités conviviales », ajoute-t-elle, et le club encourage ses membres à inviter leurs familles et leurs amis à participer. « Notre recette secrète ? C'est de s'amuser ! »