Pendant des siècles, la confluence des rivières Bow et Elbow a été un lieu de rassemblement privilégié. C’est au tour des membres du Rotary d’investir les lieux lors de sa convention en juin 2025.
Alors que je m’attends à voir des montagnes, je n’aperçois qu’un immense ciel avec de grands nuages blancs qui semblent galoper comme des chevaux sauvages dans une étendue bleue.
Cette image me vient sans doute à l’esprit parce qu’à l’aéroport, après avoir passé la fresque murale surmontée d’un Bienvenue au Canada,se trouve un tourbillon de chevaux de bronze dont le sculpteur, Robert Spaith, originaire de Calgary, a déclaré qu'il évoque « la force, l'esprit et la maturité » de la ville.
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Il y a trois siècles, Calgary est un lieu de rassemblement traditionnel pour les nations Siksika, Kainai et Piikani, connues collectivement sous le nom Siksikaitsitapi ou de Confédération des Pieds-Noirs. Ils appellent cet endroit Mohkinstsis, qui signifie « coude » en référence à la rivière Bow dont le cours change soudainement peu après sa confluence avec la rivière Elbow — prenant la direction du sud au lieu de l’est. « Dans l’ancienne langue des signes pied-noire, toucher son coude indiquait que vous alliez à Mohkinstsis », explique le conteur Eldon Yellowhorn, une autorité dans ce domaine.
D’autres Premières Nations telles que les Tsuut'inas et les Nakodas ont également l’habitude de se rassembler à la jonction des deux rivières et lorsque les pionniers européens s’aventurent dans le sud-ouest de l’Alberta, ils s’y établissent. Une grande ville est alors en devenir et aujourd’hui, avec une population de 1,6 million d’habitants, Calgary est la quatrième ville du Canada.
En octobre 2023, je me trouve donc dans cette ville qui accueillera la convention du Rotary International en juin 2025. Ce ne sera pas pour autant une première : en 1996, 25 000 Rotariens de 126 pays et territoires se retrouvent à Calgary pour la 87e édition de la convention. Si vous n’êtes jamais allés à Calgary ou dans le grand ouest nord-américain, vous ne voudrez pas manquer cette occasion. Cette ville et ce pays méritent le déplacement.
Une grande ville sans les inconvénients
Lorsque la Calgary Tower ouvre en 1968, il ne s’agit pas seulement de la structure la plus élevée de Calgary, mais de tout l’ouest du Canada. Depuis, elle a été dépassée à six reprises. La tour reste cependant un symbole de la ville et un point de repère pour les touristes.
Je prends l’ascenseur pour atteindre la terrasse panoramique située à 194 mètres de haut. De là, on peut voir le toit concave du Saddledome, l’arène au centre du Stampede Park qui accueillera la convention 2025. Pour ceux qui n’ont pas froid aux yeux, une plateforme en verre vous permet de vous tenir au-dessus du vide. Enfin, tout à l’ouest apparaissent les Montagnes rocheuses qui se dressent comme un fantôme gris à la lisière des Grandes plaines.
Comme cette vue panoramique le suggère, Calgary a tant à offrir. « Quiconque a grandi ici peut vous dire que Calgary a les avantages d’une grande ville sans les inconvénients, déclare Craig Stokke, co-président du comité local d'organisation. Et si nous sommes devenus une grande ville, nous avons conservé la mentalité d’une petite bourgade », poursuit-il — les lecteurs de Condé Nast Traveller ont d’ailleurs élu l’an dernier Calgary comme la ville la plus accueillante au monde.
L’histoire de la ville commence en 1875 lorsque la Police montée du Nord-Ouest établit un poste dans un endroit occupé par les peuples autochtones depuis des siècles. Le supérieur hiérarchique de son commandant, le lieutenant-colonel James Farquharson Macleod, finit par l’appeler Fort Calgary en référence à un château écossais.
Aujourd’hui, Fort Calgary est un campus de 16 hectares consacré aux origines de la ville. En mai, le site a été rebaptisé Confluence : Historic Site and Parkland (ou I'táámito'táaattsiiyio'pi — « lieu de rencontre harmonieux » — dans la langue des Pieds-Noirs) dans le but de présenter une vision plus large et diverse de l’histoire de la région.
Je m'en aperçois déjà en parcourant le campus, en lisant les nombreux panneaux à l'extérieur de la reproduction de la caserne militaire et en passant quelques heures dans le musée où l’histoire des premiers arrivants est parallèle et s’entremêle à celle des pionniers. De magnifiques objets sont exposés — comme le sac pieuvre Métis aux perles brillantes qui doit son nom aux quatre paires de languettes décoratives — mais je vois principalement une série de tragédies. The Great Slaughter, une œuvre tri-dimensionnelle de l’archéologue et artiste saulteaux métis Autumn Whiteway (Night Singing Woman), évoque la quasi-extermination des bisons et la décimation des populations qui en dépendent et qui les vénèrent. On y trouve une reproduction accompagnée d’explications du Traité numéro 7, un accord par lequel les Pieds-Noirs et autres Premières Nations ont cédé leurs terres dans le sud de l’Alberta. Une exposition interactive se concentre sur la vérité et la réconciliation et leurs relations au traité.
En selle
Nous vous invitons à rester dans la région de Calgary pour assister au célèbre Stampede qui commence le 4 juillet. Entre-temps, c'est l'occasion rêvée de visiter quelques-uns des six sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les Parcs des montagnes Rocheuses canadiennes comprennent sept parcs contigus. Celui de Banff est particulièrement couru avec ses chutes d’eau et ses lacs.
Le Parc provincial Dinosaur contient les plus importants vestiges de l’« âge des reptiles ».
Le précipice à bisons Head-Smashed-In est là où il y a plus de 5 500 ans, les populations indigènes poursuivaient les troupeaux vers ce précipice.
Situé de part et d’autre de la frontière entre le Canada et les États-Unis, le Parc international de la paix Waterton-Glacier offre des paysages d’une beauté exceptionnelle.
Site sacré de la Confédération des Blackfoot, Áísíai'pi aussi connu sous le nom de Parc provincial de Writing-on-Stone est caractérisé par une concentration de cheminées des fées, l’une des plus importantes d’Amérique du Nord.
Le vaste Parc national Wood Buffalo propose une faune extraordinaire avec ses bisons, ours, élans, loups, chouettes et grues blanches ainsi que le plus grand delta intérieur du monde.
Un paradis pour les piétons
Au cœur de l’East Village de Calgary, un quartier revitalisé, Studio Bell propose une variété de plaisirs irrésistibles. Le National Music Centre et le Canadian Music Hall of Fame y sont hébergés. Quatre des cinq étages sont dédiés à différents aspects de la musique : il y a d'innombrables occasions d’en écouter, d'apprendre comment elle est conçue et interprétée, et de commenter ce qu'elle nous fait ressentir. Faites la visite en commençant par le dernier étage en vous accordant plusieurs heures pour explorer et expérimenter.
Cela vaut également pour le zoo de Calgary qui est encore en travaux au moment de ma visite. Il devrait réouvrir d’ici l’arrivée des membres du Rotary en 2025 avec de nouvelles attractions telles que Wild Canada dédiée aux loups gris, aux ours polaires et aux autres espèces qui vivent dans les régions sauvages du pays. En dépit des travaux, il est possible de visiter des jardins luxuriants et d’observer de nombreux animaux : zèbres, girafes, lions, lémuriens ou manchots empereurs. Enfin, dans le Parc préhistorique, je rencontre des dinosaures animatroniques qui déconcertent et ravissent des enfants enchantés.
Dans cette ville respectueuse des piétons et des cyclistes — elle compte plus de kilomètres de pistes cyclables et de sentiers pédestres que n'importe quelle autre ville d'Amérique du Nord — je me suis rendu à pied au zoo. En faisant des arrêts en route, cela m’a pris environ deux heures. Pour revenir dans le centre-ville, je décide de gagner du temps en prenant le CTrain — qui fait partie du réseau de transports en commun de Calgary qui sera gratuit pour les participants à la convention. De retour à mon hôtel, le vénérable Fairmont Palliser, j’ai le temps de réfléchir à mon dîner. Si Calgary possède une architecture, des pistes cyclables, une bonhomie et une vie nocturne de classe internationale, elle constitue également un paradis gastronomique représentant des cuisines du monde entier.
Je trouve le chemin de la Transcanadienne et me dirige vers Banff, où j'ai l'intention de passer la nuit. La neige a diminué, mais le ciel ne s'est pas dégagé et la visibilité est minimale. Au bout d'une heure environ, j'ai l'impression de me diriger directement vers une immense orage noir et dense, qui ne se révèle qu'à la dernière minute être le flanc d'une montagne blottie tout près de la route.
J'arrive enfin à Banff, après avoir parcouru les 90 minutes de route habituelles en trois heures environ. C'est une charmante petite ville. Comme nous sommes entre deux saisons, les rues sont relativement calmes. Après avoir pris possession de ma chambre, je me promène dans la ville, m'arrêtant dans deux ou trois magasins avant de me rendre chez Chuck pour déguster un steak.
Le lendemain, avant le lever du soleil, j'ouvre les rideaux de ma fenêtre du premier étage et découvre deux immenses pins tordus qui soutiennent un ciel d'azur teinté d'or. Je suis bientôt de retour sur la Transcanadienne et, en moins d'une heure, je me retrouve au Lac Louise.
Au cours de l'été 1882, Thomas Edmonds Wilson, un pionnier chevronné de 23 ans de l'Alberta, suit son guide Nakoda Edwin Hunter à travers l'épaisse forêt vierge des Rocheuses jusqu'à ce qu'ils débouchent sur une étendue d'eau vierge. Wilson est stupéfait. « Dieu est mon juge. De toutes mes explorations, je n'ai jamais vu une scène aussi incomparable », se souviendra-t-il plus tard. « À droite et à gauche, des forêts qui n'avaient jamais connu la hache descendaient jusqu'aux rives, semblant surgir des eaux bleues et vertes. L'arrière-plan, à un kilomètre et demi de distance, était divisé en trois tons de blanc, d'opale et de brun, là où le glacier s'arrêtait et se confondait avec l'eau brillante ».
Les Nakoda appelaient cet endroit Horâ Juthin Îmne, le « lac des petits poissons ». Wilson le changea en Emerald Lake, et en 1884, il fut à nouveau modifié, cette fois en l'honneur de la princesse Louise Caroline Alberta, l'épouse du quatrième gouverneur général du Canada, la quatrième fille de la reine Victoria, et la femme qui a donné son nom à cette province. Le chemin de fer du Canadien Pacifique est arrivé à peu près à la même époque, et le Château Lake Louise, qui compte aujourd'hui 539 chambres et attire des hommes politiques, des stars de cinéma et des touristes du monde entier, a vu le jour dans un bâtiment d'un seul étage érigé en 1894. Les choses ne seront plus jamais les mêmes et, malgré la neige et le froid actuels, des dizaines de personnes se bousculent sur le rivage pour rentrer chez elles avec une photo mémorable.
Pourtant, la scène reste exactement telle que Tom Wilson l'a décrite, avec l'eau aigue-marine, les champs de neige blancs, les arbres verts aux teintes différentes et les flancs de montagne bruns qui se superposent et s'intègrent comme par magie dans une série de plans. Immuable, le lac Louise est toujours capable de susciter un sentiment d'émerveillement.
Je termine ma journée en me baignant sereinement dans les eaux minérales des Banff Upper Hot Springs. Le panorama est inégalé : une forêt de sapins chargés de neige cède la place au sommet du mont Rundle, dont les pics irréguliers sont illuminés par les rayons du soleil couchant. S'il y a des soupirs ce soir dans le bleu des Rocheuses canadiennes, ce ne sont que des soupirs de contentement.
Les saveurs de Calgary
Calgary est le pays du bétail, comme en témoignent ses steakhouses de classe mondiale, tels que Caesar's, Chairman's et Vintage Chophouse & Tavern. Mais la ville offre également une grande variété d'expériences gastronomiques qui séduiront même les palais les plus exigeants.
- Propriété et exploitation de Sal Howell, un surdoué de la gastronomie, Deane House sur les berges de la rivière Elbow et le River Café dans le parc de Prince's Island servent des repas mémorables dans des cadres respectivement historiques et verdoyants.
- Fortuna's Row transporte les convives des plaines de l'Alberta vers les climats, les cultures et les cuisines d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud
- Pour découvrir une cuisine canadienne fraîche, d'un océan à l'autre, rendez-vous chez Klein/Harris, dans la rue piétonne de Stephen Avenue.
- Situé dans le quartier animé de la 17e avenue, tout en étant imprégné de l'ambiance de l'océan Pacifique, le Lulu Bar propose des plats influencés par les cuisines des environs - pensez à la Californie et à la Colombie-Britannique - et d'ailleurs (Hawaï et Asie).
- Situé au 40e étage de Stephen Avenue Place, le Major Tom accompagne ses plats divins d'une vue paradisiaque.
- Considéré comme l'un des meilleurs nouveaux restaurants de Calgary en 2022, Orchard propose une cuisine asiatique et méditerranéenne dans un cadre élégant et décontracté.
- Un endroit idéal pour déjeuner, Park by Sidewalk Citizen accueille les clients dans son espace de style solarium dans le Central Memorial Park (le plus ancien parc de Calgary) situé dans le quartier de Beltline.
- Le Shokunin du célèbre chef Darren MacLean, qui propose une cuisine d'influence japonaise, figure régulièrement sur la liste des 100 meilleurs restaurants canadiens.
Une série de bienvenues
Mon dernier jour à Calgary est ironiquement marqué par des bienvenues. Tout commence par une réunion le midi du Rotary club de Calgary au Stampede Park, à laquelle m’a convié Craig Stokke. Plus que quiconque, c'est lui qui a veillé à ce que Calgary ait l'occasion d'accueillir sa deuxième convention du Rotary International. Il n’était pas membre du Rotary il y a 28 ans et n’a donc pas assisté à la convention en 1996. Mais il y a neuf ans, à Rome, il fait la connaissance d’un Italien membre du Rotary. Lorsque ce dernier apprend que Craig vient de Calgary, il lui parle de la magnifique expérience qu’il a vécue à la convention 1996 et jure de s’y rendre à nouveau si la ville devait accueillir une deuxième convention.
Tout comme Mark Starratt, l’autre co-président du comité local d’organisation et membre du Rotary club de Calgary, Craig est une des chevilles ouvrières qui a permis à sa ville de décrocher une autre convention. Ils sont épaulés par de nombreux membres du Rotary enthousiastes et reçoivent le soutien d’élus et de l’événement phare de la ville : le Stampede, le rodéo, défilé et festival de 10 jours qui attire chaque année plus d’un million de visiteurs. « Le personnel du Stampede sait gérer les foules, affirme Craig. Nous avons des milliers de bénévoles qui savent ce qu’il faut faire et qui sont prêts. Leur participation nous a aidés à défendre notre dossier et à prouver que Calgary mérite la convention. »
En 2017, le Rotary a officiellement choisi Calgary pour accueillir la convention en 2025. Craig Stokke et Mark Starratt, entre autres, démultiplient leurs efforts. « En 1996, la convention a placé la barre très haut, admet Craig, mais nous n’avions pas envie de refaire la même chose. » Il ne fournit pas de détails, mais promet une chose. « Nous sommes capables d’organiser une sacrée fête, dit-il. On va se souvenir de Calgary. » Il m’explique tout cela alors que nous visitons les installations du Stampede avant la réunion. Situé sur le périmètre du parc, le lieu de réunion du club est un chalet moderne. Aujourd’hui, environ 125 convives sont entassés autour de neuf tables
Alors que la convention n’a lieu que dans 18 mois, les nombreux Rotariens que je rencontre partagent un énorme enthousiasme à son évocation. À plusieurs reprises, j'entends parler d'un avantage qu’ils comptent exploiter au maximum. « Il y a beaucoup de choses que nous espérons faire en faisant venir le public et en lui faisant connaître le Rotary et les excellentes actions qu'il mène au niveau local, dit Craig. Nous avons une occasion en or de montrer ce qu’est le Rotary. »
Steve McDonough, ancien président du club de Calgary Stampede, et Wilkinson, membre du club de Calgary au Stampede Park.
Je dois malheureusement m’esquiver avant le déjeuner car j’ai rendez-vous avec l’Office du Tourisme de Calgary. Mes trois hôtes — Aviva Kohen, Shelley Zucht-Shorter et Fraser Abbott — m’invite à prendre un délicieux déjeuner à Deane House, un des meilleurs restaurants de la ville. Avec le River Café, il s’agit de l’un des deux établissements de Sal Howell qui se fait l’apôtre des ingrédients d’origine locale et de la restauration durable.
Mais le clou de la journée est une cérémonie surprise au cours de laquelle Fraser Abbott me souhaite officiellement la bienvenue à Calgary. « Il importe peu de savoir d'où l'on vient, à quoi l'on ressemble, comment on pratique le culte ou qui l'on aime, affirme-t-il, citant un ancien maire. Ce qui compte vraiment, c'est que vous êtes le bienvenu ici, que vous avez votre place ici et que vous vous trouvé dans un endroit où vous pouvez donner le meilleur de vous-même. »
Fraser Abbott m’offre un Smithbilt, un chapeau de cowboy typique de la ville — il est blanc avec un ruban rouge. Je mets le couvre-chef comme il me l’explique en récitant le serment d’hospitalité qui se termine par un vibrant « yahoo ! » Il ne me manque plus qu’un cheval.
Cet article est tiré du numéro de septembre 2024 du magazine Rotary.